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Crise de la culture bretonne : Peuple ou clientèle, il faut choisir !

« La fin d’un monde », c’est le sentiment qu’éprouvent ceux qui militent pour la culture

bretonne. Tout s’effondre ou périclite sous nos yeux : difficultés de Diwan - fin des contrats

aidés- Coop Breizh mis en vente, fermeture d’Amzer Nevez, soucis budgétaires de Dastum,

de Sonerion ou de l’Agence culturelle bretonne de Nantes et de beaucoup d’autres.

Ce serait le moment de faire le point sur notre situation actuelle, quelques décennies après

la signature de la Charte culturelle bretonne qui reconnaissait pour la première fois la

personnalité bretonne de nos cinq départements.


Or tout se passe comme si nous étions pétrifiés, incapables de faire cause commune face aux

pouvoirs publics.


Pourtant, nous sommes les premiers à payer le prix de la déliquescence du système France

et de ses finances publiques. Il nous est demandé de nous adapter à la contrainte budgétaire

et de renoncer au peu que nous avons pu obtenir pour donner quelques chances de survie à

nos langues comme à notre culture, et de regarder vers les finances privées.

Le Conseil régional de Bretagne relaie ce discours et se fait le zélé instrument du pouvoir

central consistant à nous inciter à dépenser moins. L’Etat lui demande 40 millions d’euro, il

les restitue rubis sur l’ongle.


Mais est-ce aux Bretons de payer le prix des dérives d’un système centralisé mobilisé par la

grandeur et qui ne repose que sur l’endettement ? A l’évidence non. Nous sommes un

peuple dont les droits sont bafoués depuis si longtemps et qui ne dispose que de quelques

moyens dérisoires pour sauver ce qui lui est essentiel.


Où vont les 72 milliards d’euros, produit annuel de nos impôts sur nos cinq départements

bretons ? Ils partent ailleurs !


Est-ce à nous de nous adapter à un système qui ne veut pas de nous ? A force de s’adapter,

nous finirons par disparaître au sein de ce cadre juridique qui ne nous reconnaît pas en tant

que peuple et ne cesse de nier nos droits culturels les plus élémentaires.


Ce qui se passe sous nous yeux nous interroge encore sur le sens de la décentralisation. Le

Conseil Régional de Bretagne fonctionne comme le relai du pouvoir central et ne défend pas

la Bretagne.


Cette crise devrait être le moment de rappeler que nous sommes un peuple et qu’il est

grand temps pour nous de gérer nos affaires ainsi que le produit de nos impôts.


Je suis consterné de voir certains militants reprendre ce refrain pernicieux de l’adaptation

aux finances publiques au point de demander à Diwan de vendre son âme et de renoncer à ses grands principes. L’orthodoxie budgétaire du système centraliste ne saurait être une

religion si nous voulons retrouver nos libertés.


Nous ne devons pas disparaitre pour nous plier au cadre, mais questionner ce cadre pour

recouvrer nos droits et la libre affectation de notre argent.


Cette crise nous interroge encore sur ce que nous avons fait de la Charte culturelle signée en

1978 et des instances qu’elle avait mises en place.


Le Conseil culturel est devenu un comité consultatif sous contrôle étroit de la région.


L’institut culturel de Bretagne a perdu l’essentiel de ses moyens. La langue bretonne est en

voie de disparition et le budget qui y est consacré demeure infime au regard de ce que font

les grandes « régions » d’Europe.


Nous sommes devenus une clientèle comme une autre, aux yeux de la majorité PS au Conseil

régional et nous avons largement perdu le sens de notre émancipation politique.


Plus que jamais aujourd’hui, il faut se tourner vers le Conseil régional pour lui demander

d’assumer sa responsabilité historique consistant à entamer le bras de fer avec l’Etat pour

un partage équitable de la dépense culturelle -90% de la dépense culturelle profite à la

région parisienne- et l’autonomie législative et fiscale de notre vieux pays.


C’est dans les situations de crise que les lignes bougent.


Mais avant cela, il nous faut répondre à cette question simple : Sommes-nous un peuple

tourné vers son émancipation ou une simple clientèle comme une autre ?


La survie de notre culture ne dépend que de la réponse à cette question.


Yvon Ollivier

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