Vincent Le Meaux rend hommage à Michel Brémont (22)
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- 24 févr.
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« C’est avec une immense tristesse que j’apprends la disparition de Michel Brémont. Michel n’était pas seulement un camarade de parti, c’était un ami, un compagnon de route politique, un homme éclairé, souvent dans l’ombre, mais un élu de conviction qui laissera une marque profonde dans la vie publique des Côtes-d’Armor.
Ma première rencontre avec lui remonte à 1997, lors du vote pour la tête de liste aux élections régionales, à Runan. Fidèle à sa rigueur et à son sens des règles, Michel m’a sèchement demandé si j’avais bien cotisé avant de pouvoir voter. Son exigence, qui m’avait semblé dure sur le moment, était en réalité la preuve d’un engagement sincère en faveur de règles justes et d’un parti structuré. Derrière cette rigueur, j’ai découvert un homme généreux, compétent et profondément intègre. Un vrai rocardien, attaché au dialogue et à la recherche du consensus, mais toujours conscient de l’intérêt général, tant pour le Parti socialiste que pour la France.
Premier secrétaire du PS 22
Michel savait travailler avec tout le monde. Il savait prendre des décisions justes et a été une source d’inspiration précieuse pour moi. Il a joué un rôle essentiel dans le redressement du Parti socialiste, alors que peu y croyaient encore.
Premier secrétaire fédéral de la Fédération des Côtes-d’Armor du Parti socialiste entre 1990 et 1997, il a vécu une période charnière pour le PS. À la sortie du Congrès de Rennes, où les tensions étaient vives, il a contribué, aux côtés d’autres militants bretons, à redresser un parti affaibli. En 1993, après une défaite électorale majeure qui avait réduit le PS à une cinquantaine de députés, Michel n’a pas baissé les bras. Il a continué à travailler avec détermination pour reconstruire une dynamique, préparer l’avenir et poser les bases de la Gauche plurielle, qui allait porter Lionel Jospin au pouvoir en 1997.
Avec le Congrès de Brest, une nouvelle phase de l’histoire du Parti socialiste s’ouvrait, et Michel, fidèle à ses engagements, était au cœur de cette reconstruction. Son travail acharné a permis de rebâtir une organisation militante solide en Côtes-d’Armor, contribuant aux succès électoraux des années 2000. Élu conseiller général en 1998, il a ensuite occupé des postes stratégiques dans les exécutifs de Claudy Lebreton pendant 17 ans, pilotant certains des dossiers les plus importants du département.
Il avait cette austérité apparente, ce parler vrai qui pouvait parfois sembler tranchant, mais qui traduisait avant tout une exigence de rigueur et un profond respect pour le travail bien fait.
Homme de dialogue
Notre complicité s’est renforcée lorsque je suis devenu conseiller général en 2004, et encore davantage à mon intégration dans l’exécutif départemental. Déjà élu depuis 1998, Michel m’a beaucoup appris sur la gestion des dossiers politiques, parfois bien trop complexes à mes yeux. Il m’a notamment sensibilisé aux grandes questions structurantes du département : les ports, les transports et les pompiers.
En tant que vice-présidents du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS), nous avons affronté ensemble l’urgence, le drame et le feu. Michel m’a fait confiance pour gérer le dialogue avec les pompiers, une tâche souvent délicate. Lors des grèves de 2010 et 2013, nous avons mené des heures de négociations âpres sur les carrières, les effectifs et l’équipement. Grâce à ce dialogue, des avancées ont pu être obtenues. C’était aussi le fruit de la méthode que Michel défendait : écouter, négocier dans un cadre bien défini, agir avec responsabilité et assumer les décisions prises sans tergiverser.
De grandes réalisations
Parmi ses grandes fiertés figurait le renouveau du port du Légué, qu’il jugeait en péril. Il a été un acteur majeur du développement des transports collectifs et des mobilités douces. Sous son impulsion, le conseil général a soutenu Tibus, un réseau de mobilité réduisant la dépendance à la voiture individuelle, favorisant le covoiturage et développant des aires spécifiques dans tout le département.
Son engagement ne s’arrêtait pas là : il a également sauvé plusieurs fois le budget de l’aéroport de Lannion, défendu des projets structurants et travaillé sur le projet des éoliennes en mer, qu’il voyait comme une opportunité pour l’image des Côtes-d’Armor.
Après la douloureuse défaite de 2015 au Conseil départemental et l’effondrement du PS aux présidentielles et législatives de 2017, Michel n’a jamais baissé les bras. Il fut parmi les rares à me soutenir dans cette période difficile. Toujours engagé, il a œuvré pour reconstruire une dynamique socialiste en Côtes-d’Armor, convaincu que nous pouvions repartir de l’avant avec une vision claire.
Municipales à Saint-Brieuc puis départementales
En 2019, nous avons travaillé ensemble à la préparation des élections municipales à Saint-Brieuc, conscients que la reconquête de la ville était essentielle pour espérer regagner le Conseil départemental en 2021. Michel apportait sa lucidité, son expérience et son pragmatisme.
Homme de conviction et de fidélité, il m’a toujours soutenu dans mes engagements au sein du Parti socialiste, notamment lors de mes campagnes internes. Lors de ma dernière élection comme premier secrétaire fédéral du PS 22, Michel était encore à mes côtés. Il a toujours cru en une ligne de dialogue et de rassemblement, en la nécessité de défendre des valeurs social-démocrates claires tout en préservant l’unité du parti. Son engagement auprès d’Hélène Geoffroy en 2021 s’inscrivait dans cette même logique : refonder le Parti socialiste sur des bases solides, avec un fonctionnement transparent et collectif.
Transmission de valeurs
Michel nous a quittés trop tôt, mais il restera vivant dans nos mémoires, dans nos engagements et dans les valeurs qu’il nous a transmises.
Mais Michel n’était pas seulement un camarade politique, c’était un ami sur lequel on pouvait compter dans les moments les plus importants de la vie. En 2013 et en 2019, il a été un soutien constant et précieux pour ma famille. Un soutien qui allait bien au-delà de la politique, un soutien profondément humain, celui d’un homme présent lorsque la vie d’un homme, d’une femme ou d’un enfant était en jeu.
Merci Michel, pour ta rigueur, ton engagement, ta fidélité et ton amitié. Tu nous laisses un héritage immense. Adieu Michel.
Parti socialiste – Côtes-d’Armor
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