En finir avec les représentations dangereuses !
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- il y a 6 jours
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Les temps actuels me semblent porter au plus haut ces représentations dangereuses quifaussent notre jugement sur la réalité. La plus nocive d’entre elle, c’est cette représentationd’une société en guerre civile larvée entre d’un côté, les français de souche et de l’autre ceuxqui viennent d’ailleurs.
Zemmour nous a donné sa représentation d’une société française assiégée, comme l’étaientles pieds-noirs en Algérie, et menacée de dénaturation et de dissolution. Les sauvageons desbanlieues ne peuvent plus être contenus et attaquent la police.
Cette représentation affronte celle d’une société fasciste, soutenue par une police qui tue etqui s’abîme dans le racisme anti-maghrébin, anti-black.
Bref, c’est la guerre civile que l’on nous promet avec la polarisation des extrêmes dans ledébat public.
Or on ne parle jamais des trains qui arrivent à l’heure et de ces RER de 6H, bondés de blackset de beurs qui viennent travailler à Paris et encore moins de tous ceux qui s’intègrent ensilence. On omet d’évoquer les risques que prennent ces policiers et gendarmes compétents,soucieux d’éthique et d’accomplir leur travail si difficile au service de l’ensemble de lapopulation, pour un salaire très mesuré.
Cette représentation guerrière facilite l’importation des conflits qui se déroulent ailleurs etnotamment celui qui oppose Israël et la Palestine. Difficile d’être indifférent mais faut-ils’engager ici dans ce conflit insoluble au risque d’accentuer les divisions et de compromettrela sécurité de la communauté juive de France ?
Les autres représentations qui nous menacent tiennent à l’absence de limites. La premièreconsiste à penser que la dette n’est pas un problème et que l’argent des marchés inonderatoujours la société française pour payer les fonctionnaires et abreuver les services publicssans efforts.
La seconde est son corollaire. Les plus riches ou ceux qui sont bien lotis s’agrippent à leurrevenu et patrimoine, comme à la prunelle de leurs yeux, au mépris de la solidariténécessaire lorsque les comptes sont dans le rouge.
Pour ces deux représentations, la vie se conçoit dans un espace clos et l’altérité n’existe pas.Mais lorsque le FMI viendra toquer à notre porte et que les fonctionnaires ne pourront plusfaire usage de leur carte bancaire, nous prendrons brutalement conscience que nous nesommes pas seuls.
Il y a plusieurs années dans le livre « la désunion française », je défendais la thèse que l’unitéd’une nation se conçoit avec l’Autre et non pas contre l’Autre.
Nous avons perdu le sens de l’altérité et avec lui celui de la justice. C’est comme si ladémocratie ne faisait plus sens et n’était plus qu’un théâtre d’ombres qui nous concerne demoins en moins.
Pour nous Bretons, on ne comprend plus l’absence de réaction du pouvoir régional à ladisparition programmée de la langue bretonne dont le peuple exige la sauvegarde commel’ont souligné nos artistes récemment à Carhaix.
Il ne tient qu’au pouvoir politique de réagir en exigeant ce vaste plan de formation desenseignants en langue bretonne, comme ce que l’Etat a pu faire en Corse.
La démocratie française doit retrouver ce sens de l’altérité qu’elle a perdu, au risque desombrer dans la guerre civile et la barbarie.
Yvon Ollivier
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